"Papa. C'est quoi sur tes mains ? Et sur ta chemise ?" Demanda la fillette, ses grands yeux noisettes regardant avec curiosité la belle couleur rouge sombre qui maculait les grosses mains de son père. On pouvait retrouver une tâche de la même couleur sombre sur le col de sa chemise. L'homme posa un regard agacé sur la blondinette qui se trouvait sur son chemin. Jamais là, ou il fallait celle-là ! A se demander si elle pourrait un jour servir la famille sans lui faire honte. Angelo -de son nom- posa son regard aussi sombre que sa veste, sur sa fille. "Azaria, je t'ai déjà dit de te mêler de tes affaires. De plus il me semble, de t'avoir déjà dit de me vouvoyer et de m'appeler Père. Quand tu seras enfin capable de retenir une chose aussi simple que cela tu pourras m'adresser la parole. Pour l'instant retourne dans ta chambre. Immédiatement"! Plus l'homme parlait, plus le regard de la fillette s'emplissait de larmes. Bien qu'elle ne saisissait pas tout le sens des paroles de son père, elle était touchée par la dureté de sa voix. Tournant les talons elle se mit à courir en direction de sa chambre. Elle jeta sur son lit, serrant son doudou fétiche -un nounours beige- en pleurant toute les larmes de son corps. La fillette âgée d'à peine plus de cinq ne comprenait pas ce qu'elle avait fait de si mal, pour mériter un tel mépris de son père. Celui-ci se demandait avec un sorte de désespoir quoi faire de cette gamine, sans personnalité, qui versait des larmes à la moindre occasion. Poussant un long soupir, il confia à la bonne ses vêtements tachés avant de rejoindre son bureau ou il était attendu par un homme d'une cinquantaine d'année aux yeux si clair qu'ils en paraissaient presque blancs. "Monsieur, sauf votre respect, je pense que vous devriez être plus doux avec elle. Elle est encore petite, elle a besoin d'un père." Angelo, ne prit pas la peine de répondre caressant du regard les objets posés sur le bord de la cheminé. Il aurait tellement aimé avoir un fils, un fils qui ferait sa fierté. Au lieu de ça il avait eut une gamine pleurnicharde. Chienne de vie!

Un étage au-dessus d'eux, la petite fille ne pleurait plus toute seule. Un garçon d'environ 12 ans, qui possédait quelques traits de ressemblances avec l'homme qui s'entretenait avec Angelo. Il tenait la petite fille dans ses bras la serrant dans un geste protecteur contre lui. Dix minutes plus tard la fillette c'était enfin calmée et commençait tout doucement à s'endormir contre le garçon. Ce ne fut qu'une demi heure plus tard qu'il se décida à lâcher la petite, la couchant tout doucement en l'a recouvrant d'une couverture. Il ne comprenait pas comment Angelo pouvait être aussi dur avec cette petite, si adorable, avec son visage d'ange, ses petites fossettes qui se formaient quand elle souriait...Avec un soupir il ferma la porte, avant de monter encore un étage. Cet étage-ci abritait tous ceux qui travaillaient en permanence ici. Soit son père, lui-même avec une autorisation spéciale, le jardinier & la bonne. Tous étaient "serviteurs" de cette famille de génération en génération et ce depuis plus de deux cents ans. Il saisissait mal la relation qui les unissaient à cette famille mais il savait qu'Angelo plaçait en eux une confiance extrême les considérant presque comme étant du même sang que lui. Autant dire que toute trahison serait bien mal venue. Il se dévêtit ne laissant sur lui que son caleçon avant de se mettre au lit. L'année dernière encore il partageait sa chambre avec son père mais Angelo lui avait proposé une chambre certes pas extrêmement grande mais qui lui convenait tout à fait. Alejandro, finit par rejoindre le pays des songes à son tour. A peine quelques heures plus tard il fut réveillé par un bruissement non loin de lui. D'un bond il se leva, à l'affut du moindre bruit. Sur-entrainé depuis qu'il était en âge de marcher il savait se servir de son corps autant comme moyen de défense que comme moyen d'attaque. Mais il fut néanmoins soulagé lorsqu'à la lumière de la lune il reconnut Azaria. Avec douceur il l'attrapa par la taille l'a posant sur ses genoux. "Qu'est-ce que vous faites là ? Ne devriez vous pas être au lit ?". La petite baissa la tête, les joues rougissantes avec un air si mignon qu'Alejandro se sentit craquer. Avec un soupir résigné il laissa la petite se coucher à côté de lui.

Azaria poussa un soupir de frustration, envoyant par la même occasion un coup de pied dans le mur. "Mais Alberto j'y arrive pas! Je suis trop nulle! J'en ai marre j'abandonne. De toute façon ça me sert à quoi de savoir tirer avec des couteaux hein ? C'est pas comme si ça me serait utile !. L'homme aux yeux gris clairs soupira, devant les larmes de la gamine. Azaria maintenant 7 ans, avait un peut pris de caractère en ces deux ans mais elle restait désespérément sans persévérance, pleurnicharde. "Mademoiselle, ne voudriez vous pas rendre votre père fier ? Je sais de quelles prouesses vous êtes capable en danse. Alors pourquoi un simple petit lancer de couteaux vous pose problème ? N'est-ce pas là un petit caprice que vous me faites ? Vous ne sortirez pas de cette pièce avant de réussir quelque chose de correct ! Alors maintenant séchez ces larmes qui vous rendent faible et faites preuve d'un minimum de volonté !" La gamine sécha tant bien que mal ses larmes, ses yeux allumés d'une férocité soudaine. Elle voulait prouver à son père qu'elle n'était pas sans intérêt et que Gabriel ne méritait pas plus d'attention qu'elle ! Aah Gabriel...Son petit demi frère. Le fils de la nouvelle femme de son père. Son père lui apportait toute l'attention possible à ce gosse d'un an et demi! Plus qu'à elle ! Refoulant ses larmes qui menaçaient de couler à nouveau, elle reprit un coutelas, arma son bras, visa & tira. Paf, au centre de la cible. Un sourire illumina le visage de la gamine, tandis qu'Alberto lui passait la main dans les cheveux avec un air fier. Finalement peut-être qu'elle n'était pas si désespérée ?! Une fois libérée de l'entrainement de deux heures que lui imposait son père tous les jours elle se précipita dans sa chambre pour revêtir un tutu de danse. Cela faisait maintenant deux ans qu'elle pratiquait cette discipline et elle était douée! C'était sa mère qui aurait été fière! Elle qui était danseuse professionnelle auparavant. A son souvenir le regard de la blondinette se voila. Sa mère qui l'avait abandonné plus de trois ans en arrière, en prenant une destination inconnue de tous sans même dire au revoir à sa fille. Secouant la tête elle chassa de son esprits ces pensées. C'était ainsi, il fallait qu'elle passe outre cela. A peine avait-elle fini de s'habiller qu'Alejandro se présenta à sa porte un sourire adorable aux lèvres. Sautant de son lit avec enthousiasme elle prit la main de son fidèle protecteur, qui devait l'emmener à la danse. Oh qu'est-ce qu'elle adorait Alejandro. Elle en était même amoureuse! Qu'il était beau ! Gentil, serviable, adorable, réconfortant, drôle...

Ah qu'est-ce qu'elle se sentait mal ! Elle jeta un coup d'œil dans le miroir en face d'elle qui lui renvoyait l'image d'une jeune fille de dix ans, aux cheveux blonds attachés en chignon, habillée d'un tutu de danse rose très clair. C'est qu'elle stressait! D'ici quelques minutes le spectacle commencerait et elle y tenait le rôle principal. Elle savait qu'Alberto & Alejandro se tiendraient dans le public. Quand à son père rien n'était moins sur, il ne lui avait pas donné de réponse concrète quand à sa présence ici et elle doutait de sa venue. Il était tellement toujours occupé de partout! Et voilà c'était à elle de rentrer en scène! Timide comme pas deux, elle se sentit tétanisé face à tous ces visages inconnus jusqu'à ce qu'elle croise le regard d'Alejandro qui l'a rassura directement. Le spectacle se passa sans encombres, bien que comme elle l'avait prévu -même si elle n'avait pas put s'empêcher d'espérer- son père n'était pas venu. Une fois dans les loges, elle récupéra ses affaires, enfilant un jean par dessus son collant et une veste pour ne pas attraper froid. Alejandro entra en premier déposant un baiser sur sa joue tout en l'a félicitant et en lui assurant qu'il l'avait trouvé merveilleuse. Alberto entra à son tour avec un "tapes moi en une" qui fit rire Azaria. Le soir même aux alentours de 23h, Angelo finit par faire son apparition, sans faire un détour par la chambre de sa fille qui dormait à poings fermés. Dans son bureau comme d'habitude l'attendait Alberto. "Votre fille a été fabuleuse aujourd'hui! Croyez moi elle tient bien de sa mère! De plus ses notes son excellentes et elle commence à réellement se débrouiller durant les entrainements. Seul lui fait défaut ce manque de caractère. Je pense qu'il serait réellement bon de l'envoyer dans une école et stopper les cours à domicile pour qu'elle puisse enfin se forger un caractère digne de ce nom." Angelo hocha la tête. Il ne doutait jamais des bons conseils d'Alberto. Alberto avait été pour lui ce qu'était Alejandro pour Azaria maintenant. "Quand à Gabriel rein à signaler, il commence à savoir lire et écrire bien qu'il soit assez...têtu." Alberto laissa un sourire rajeunir ses traits. Ainsi donc son fils n'avait pas le même caractère fade que sa sœur. En voilà une excellente nouvelle! "Très bien. Je suis ravi de l'apprendre. D'ici six mois tu pourras commencer à lui montrer quelques notions de défense. Quand à Azaria, fait l'a inscrire pour septembre à un collège privé. J'espère qu'elle évoluera un peu."

Avec ennui Azaria étendit ses longues jambes. Arf vivement que ce cours d'histoire se termine. Après elle avait danse. Toujours habitée par cette passion, dans laquelle elle se réfugiait avec grâce. Ce fut avec un soupir soulagé qu'elle entendit la cloche sonner signalant la fin des cours. Rangeant ses affaires elle rejoignit Alejandro dehors. Celui-ci lui adressa un sourire tout en passant son bras sur les épaules d'Azaria. Un geste familier qui contrastait avec le vouvoiement qu'il utilisait lorsqu'il s'adressait à elle. Il l'a bombarda de questions comme à son habitude & Azaria leva les yeux au ciel. Incroyable un gars aussi bavard! Elle le rabroua gentiment posant son regard noisette sur lui. C'est qu'il était devenu beau Alejandro avec ses yeux clairs, ses cheveux châtains et surtout ce corps de rêve, ahah. Une fois arrivés devant le studio de danse, il l'a laissa lui indiquant qu'il reviendrait l'a rechercher ce soir. Héhé voilà longtemps qu'il ne venait plus à la fin de ses cours qu'ils soient de danse ou d'école. En même temps elle l'avait fortement remballé en lui disant que plus collant tu mourrais. Enfin bref, comme d'habitude la répétition se déroula bien, sans soucis. Comme prévu Alejandro l'attendait. Il avait même une veste au bras qu'il se dépêcha de lui donner le sourire aux lèvres. "N'oubliez pas que vous avez escrime avec moi ce soir ! ". Azaria hocha la tête avec un sourire ravi tandis qu'elle enfilait sa veste. C'est qu'elle avait progressé durant toutes ces années d'acharnement. Maintenant un tir de coutelas raté ça n'existe plus que dans son passé. Si seulement son père s'en rendait compte...Mais non. Il ne portait son attention que sur Gabriel & son boulot. Il voyait encore en elle la fillette qui pleurait à chaque occasion. Chassant de son esprit cet homme qui ne lui avait jamais porté d'attention, elle entama la conversation avec Alejandro.